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Connemara"To hell or Connaught..." s'écriait Cromwell il y a 4 siècles (" en enfer ou au Connemara" pour ceux qui ont fait Julien Lepers en première langue) Ahhh... il est vrai que les gaëls ne montraient qu'un enthousiasme tiède pour le nouveau maître de la colonie insulaire. Les promesses de la toute naissante république du nouveau Lord des îles d'outre-manche ne pouvaient être serment d'ivrogne ! Oliver convia donc les plus enthousiastes de ces détracteurs irlandais à quelques jeux champêtres parmi lesquels déportations, exécutions, et tortures qui ne firent, promis-juré, que 50 000 morts... C'est donc l'histoire qui nous enseigne que cette région désertique de l'ouest de l'Irlande battues par les vents ne produit pas que des lacs et des chansons de Michel Sardou... La lande où s'ébattent tristement une poignée de gaëlophones endémiques permet l'élevage d'un whiskey de malt . Las ! ! ! si le whiskey que voilà a bien gagné son billet d'entrée sur notre site par une singularité rare sur l'île d'émeraude en étant un malt, la lecture attentive de l'étiquette nous piétine les illusions encore toutes fraîches du marketing toutefois grossier : ce malt est bel et bien fait... sur la côte est soit à 50 lieues du Connemara, chez Cooley, les heureux propriétaires du somptueux Tyrconnell. Malgré le désenchantement, on apprend à pardonner à cette carapace trompeuse car la mention "Peated Single malt" tient toutes ses promesses : oui, rappelons pour ceux qui ont fait Jacques Delors en première Langue que "peat" signifie simplement tourbe. Entourbons nous sans complexe aux lèvres de ce malt car le feu rougeoyant de ce whiskey prompt à faire oublier l'hiver à tous les gnômes de la lande irlandaise le ferait presque prendre pour un russe... si ne frappaient pas aux battants de nos papilles les saveurs marines de l'iode, teinture indélébile d'un viellissement à l'ombre des vagues océanes et sous la protection des embruns salés de la mer . Mazette ! ! ! Quelle chaleur ! ! et pas des plus subtiles, plutôt parente de l'haleine de Molly Malone, la poissonnière de Dublin que des baisers soyeux de la fée Morgane ! Notons que l'hiver passé, le Connemara retrouvera le chemin du placard pour faire place à des distillats Plus fins. Ce malt a beau cacher la poussière sous le tapis, l'évidence vous éclabousse : la force de sa Tourbe et l'incandescence de son iode ne masque que maladroitement un maltage moyen et une distillation Sans panache . Il garde cependant les qualités de ses affres : un caractère rustaud, gaillard mais jovial et emprunt des émancipations collectives et festives dont son peuple sait faire montre : nul doute que si le Connemara est là, il y aura de la folie dans l'Eire ! ! Cependant, sans être plus catholique que le Pape, nous ne conseillerons aucun abus du flacon intéressé : Urbi et Tourbi, et même un peu trop si bien qu'après toute Saint-Patrick trop pieusement célébrée en sa compagnie, nous ne saurions en toute bonne foi que trop vous garder de hanter les landes de l'ouest, de peur de rencontrer ces "monstres des lacs que l'on voit nager certains soirs d'été et replonger pour l'éternité"... Arnaud |
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