Tyrconnell
Après des années d'errance dans les meilleurs débits de boisson de France, d' Ecosse ou d'ailleurs, j'avoue ici devant Dieu que le goût du malt m'est devenu bien plus familier que celui des meilleurs nectar d'abricots, des plus gouleyants pschiiitts citron ou des cacolacs les plus frais.
Cependant, comme l'enseignait maître Yoda, il faut parfois désapprendre ce que l'on a appris. Rien n'est plus bouleversant que d'être surpris par ses meilleurs amis et à ce titre le Tyrconnell a toujours su me faire preuve de ses larges épaules pour me permettre d'y verser les larmes de mes désespoirs sentimentaux... Ahh... non... décidément, la belle Maureen O'Cannighan ne voulait pas de moi !!
Mais toi, whiskey, mon ami, mon frère… tu étais là de tout ton corps, exaltant tes atours les plus safranés pour me séduire ! Certes, ta présence et ta chaleur me comblaient mais si j'avouais m'étioler du manque d'une présence féminine, toi, Ô mon ami Irlandais, te fallait-il à tout prix porter la jupe pour le salut de ma santé mentale ?... Toi, le plus fin des irlandais que porte l'île d'émeraude, pourquoi te faire passer pour un cousin de Glasgow ??...
Rares sont les whiskeys irlandais(je sais, pléonasme mais foin de purisme et fi des cuistres tatillons !!!) qui peuvent prétendre faire illusion aussi finement que notre cher Tyrconnell !!
Ce single malt de la côte est de l'Irlande s'impose d'emblée comme un dandy élégant, fin et racé. Produit d'une distillerie plus que bicentenaire (1762), il fait montre de son rang de la plus belle des façons : son malt n'est distillé que 2 fois, à l'instar des écossais et ceci grâce à la finesse de sa céréale dont la quintessence n'a jamais su attendre un troisième bain d'alambic pour nous gifler les sens ! Comme toutes les belles de nuit, elle sait se faire désirer en se faisant attendre : (5 ans de vieillissement en fût).
Grimé de mille fragrances, de fraîcheur et de tendresse, The Tyrconnell séduit, charme et envoûte comme les sirènes d'Eirin leurraient les marins de Kintyre.
De tout temps, les celtes furent des gens du voyage, préférant les voies océanes aux chemins de terre et tel Mati guidant Puntila, Tyrconnell franchit l'océan, rencontrant au début du siècle un succès mérité à New York au point que ce fut la prohibition qui causa la perte de l'entreprise insulaire, Manhattan préférant pour un temps les pisse-vinaigres aux gobes-malts. Louons de toutes nos force la distillerie Cooley qui remit notre Outsider dans la course et s'attela à le faire connaître au pays de Paul Ricard il y a moins d'une décennie. Sa présence dans notre liste des "whiskies de l'extrême" se justifie par sa double distillation et sa noblesse irlandaise que lui confère sa très haute "maltitude"
Arnaud
Ce soir-là...