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SchwäbischerQuand on vous dit que les foudres du whisky peuvent s'abattre n'importe où, nous vous prions de nous croire. Comme dirait mon brave paternel, « Schwäbischer... rien que le nom m'amuse ! ». Il ne semble pourtant pas inspirer Laurent, moins germanisant que moi mais non moins convaincu que ce whisky fera un meilleur résultat au Scrabble (sur un mot-compte-triple) que sur le bloc opératoire de nos dégustations sans complaisance. Si vous excellez autant au Trivial Pursuit qu'au Scrabble, vous ne serez pas sans savoir que le Jura Souabe est une région du Sud-Ouest de l'Allemagne où les décors rappellent les tableaux de Friedrich, les poèmes de Schiller ou, plus proche de nous, « La Vache et le prisonnier au pays de La petite maison dans la prairie ». Bref, on y compte 10 fois plus de sapins et de vaches laitières que d'habitants. Cela n'a pas empêché d'opiniâtres artisans locaux de s'appliquer à améliorer l'ordinaire de leurs soirées Saucisses-bière par la production d'un véritable whisky biologique. L'étiquette est déjà plus rustique que gothique puisqu'il s'agit d'une rondelle de bois pyrogravée, genre « cadeau de la fête des pères réalisé à l'école des Joyeux Bûcherons de la forêt noire ». Kolossal surprise ! le whisky, bien que distillé dans des alambics à Schnapps, ne démérite point et ne cesse de nous renvoyer à la face nos pusillanimes appréhensions : le nez dérape vite sur le verglas de nos mauvais souvenirs en raison d'une flaque de notes empyreumatiques lourdes à souhait. En bouche, Néanmoins, l'Appel de la forêt semble avoir fait son œuvre et des notes confites où se mêlent sous-bois,caramel et fruits en bocaux rassurent nos boyaux tendus comme un câble d'embrayage de Porsche. Rond et sirupeux au palais, il termine son œuvre par une pointe de sécheresse qui n'est pas sans rappeler les Bretzels les plus « étouffe-belle-mère » de mon enfance. Des reflets purpurins d'ambre et de cuivre rayonnent chaleureusement sur une carafe dont les formes amples me remémorent avec émotion cette assistante germanique que nous avions au lycée et qu'un physique ingrat aidé d'un régime se composant exclusivement de fromage fondu et de Ferrero Roche d'Or (dont les teutons sont friands) nous avaient fait sournoisement surnommer la Wal'-qui-rit (elle s'appelait fraulein Walder...). C'est cependant au nom d'une amitié franco-allemande riche d'espoir (que certains de vos grands-parents ont eu d'ailleurs à même de développer à mauvais escient bien avant l'heure...) que nous n'aurons pas la cruauté de ces écoliers sans vergogne envers des artisans sylvestres dont les efforts sont louables et qui augurent peut-être de futurs Delicatessen qui nous inspirerons, si les Dieux du Wallalah nous l'accordent, un véritable Hymne à la Souabe. Arnaud |
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