Regency

« Doctor Livingstone, I presume? »...
Imaginez donc Stanley en Zambie lançant sa question à Laurent, récupérant du spectacle d'une éclipse solaire, une bouteille de whisky Tanzanien à la main... Tableau cocasse quoique probable car c'est bien en soignant son héliolâtrie voyageuse que Compère Laurent a débusqué une flask de ce que produisent les Tanzania Distilleries Ltd : le Regency, whisky de grain écossais agrémenté d'essences aussi mystérieuses que les sources du Zambèze.

Malgré la garantie d'une mise en bouteille à Dar Es-Salaam, le doute m'assaille, comme on dit dans ma tribu : Etant donnée l'abyssale fadeur qui ressort de sa dégustation, ne s'agirait-il pas d'un simple flacon des neiges déjà trop vite fondues du Kilimanjaro ?

Le Regency ne mérite vraiment pas un Safari et ne cassera jamais 4 pattes à un Gnou. Son âme semble s'être égarée dans les plaines du Serengeti avant même d'avoir atteint les rives nacrées de Zanzibar.

	Stone Town, Zanzibar

Il nous semble également que les contrebandes les plus audacieuses des denrées raffinées et des épices savoureuses, entreprises par des Montfred ou des Rimbaud sous ces tropiques safranées ont eu bien raison de se passer du Regency.

Partisan du moindre goût, ce "whisky" se démarque par une insipidité qui le rendrait presque désaltérant s'il n'y avait ces 40° d'alcool plus chauffant que chaleureux...

C'est sans nul doute l'haleine de la chafouine hyène tachetée qui se fera l'unique compagnon de l'hôte complaisant du Regency, lors de ces Nocturnes Indiens où, sur les quais des comptoirs oubliés, s'éclipsent le soleil et la raison des hommes.

Arnaud
Ce soir-là...