Penderyn

Nous le savons, et pas seulement de Marseille, le whisky est un breuvage celtique. Ses obscures origines se perdent dans la nuit des temps du haut moyen-âge . Bien malin qui pourrait dire qui des nations celtes celle qui fût la première à distiller des céréales pour en faire un réconfortant breuvage de fin de table ronde. Toutefois, les Gallois ne peuvent plus subir les quolibets de leurs cousins enkiltés ou des buveurs de Guinness : un nouveau Welsh whisky, et pas des moindres, traîne ses ardeurs enivrantes dans les verres français depuis peu.

Le Penderyn est issu de la distillerie du même nom, sise au sud du Pays de Galles, et animée par une poignée de passionnés en quête « d'esprit noble » (noble spirit).
Il est ce soir dans nos Graâls que nous tendons pour une communion quelque peu troublée par l'appréhension.

Dès l'ouverture de la micro-sainte ampoule ramenée de pèlerinage par votre serviteur (une trop brève mignonnette bien vite tarie), les doutes s'estompent et l'évidence se forme : nous avons à faire à un philtre de qualité. Aussitôt, mon compagnon d'arme Laurent s'énamourache du nez de ce whisky avant même de l'avoir goûté, comme sous le charme de la Dame du Lac !!

Il s'agit, fichtre cul, d'un single malt vieilli une poignée d'années en fûts de bourbon (en direct de chez Jack Daniel's et Evan Williams) et « fini » quelques mois en fûts de Madère. Par les yeux chassieux de la fée Morgane !!

Le nez est fin, fruité, légèrement évanescent, libérant des fragrances de fruits blancs et de raisin. En bouche, une structure ronde et charnue lui permet defaire s'accoupler plus facilement que Lancelot et Guenièvre, des notes végétales et minérales harmonieusement fondues sur une finale souple et chaleureuse.

La distillerie n'opérant que depuis 1998, ce whisky demeure encore un lapin de 3 semaines au regard de son potentiel car il est maintenant évident que, pourvu d'une maturation plus poussée, il sera capable d'offrir une palette de saveurs plus complètes et un plaisir dont nous nous languissons d'ores et déjà.
Le Pays de Galles sait honorer ses combattants d'un poireau… mais que la mémoire de Perceval, le plus valeureux d'entre eux, m'en soit témoin, je n'attendrai pas si longtemps pour consacrer cette eau-de-feu sacrée dans mon bar à « Camelote ».

Arnaud
Ce soir-là...