Doble-V
Sur notre table dépourvue de paella trône aux cotés des 2 DYC (je remercie Saint-Lapinou de ne pas nous avoir fait anglophone car sans cela, les 2 whiskies ibériques précédents auraient déclenché une avalanche de jeux de mots douteux autant qu'inutiles).
Voyageons à travers la péninsule et quittons l'austère Castille pour descendre à Cadix, lieu de fabrication du DOBLE-V, whisky espagnol élaboré par une succursale du grand groupe Hiram Walker. Cadix est un port de pêche actif et célèbre depuis que Christophe Colomb y appareilla pour partir en quête de la route des Indes...
Rassurez vous... le DOBLE-V n'a pas découvert l'Amérique... Il mérite toutefois une indulgence particulière en raison d'une dégustation qui s'est déroulée sans déplaisir mais non sans désillusion : doté d'un nez charmeur et subtil, il reste court sur patte en bouche et ses saveurs ne parlent le langage du whisky à nos papilles que comme une vache espagnole.
Apres la deuxième gorgée, le DOBLE-V imite quand même très bien le cri du coca le soir au fond du verre. C'est entendu, malgré un talent organoleptique bien dissimulé et une platitude que l'on ne retrouve que dans les éditos du Figaro-Madame, le DOBLE-V ne se fera point d'ennemis au rayon des colas : c'est un aveux de déception mais aussi un passeport de consommation pour un whisky jumeaux transpyrénéen du LABEL V... C'est ainsi , le DOBLE-V, c'est le LABEL de Cadix...
Il est cependant intéressant de noter que la découverte d'un tel whisky nous invite à être magnanime et à ne pas jeter aux arènes le premier breuvage un peu cornu qui croise notre bar. Oui, Si Señor, le nom d'Hiram Walker apposé sur l'étiquette demeure un pur attrape-touriste, son origine écrite en calligraphie de clerc de notaire reste un aveux de honte de la part du producteur mais à l'heure ou les dernières bodegas tirent les rideaux, aucune banderille n'est venue se ficher dans nos crânes pourtant maculés des rasades successives de DOBLE-V...
J'avoue sans vergogne la réticence que j'éprouvais à la vue des whiskies en rayon... le partisan républicain qui sommeille en moi dressait déjà un poing fermé et criait "¡ no pasarán !" à l'adresse de ces avatars éthilisés de la peste brune franquiste. Et puis la raison de l'hédoniste m'a dicté de ne point trop en faire et de me servir un verre...
Ce whisky ne tourmentera donc ni nos foies ni nos mémoires mais laissera des souvenirs de vacances virtuelles propres à de sympathiques escapades autour de mon bar et qui sait, à des rencontres plus épicées sur fond de flamenco... Ole!
Arnaud
Ce soir-là...