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Vieux MaltWambrechies ! ! ! Terre de contraste et d'histoire ! Nous dégustons pour vous ce soir un " vieux malt " issue de la distillerie du même nom. Vous n'êtes pas sans savoir que les Cht'is sont amateurs de liqueurs aussi fortes que leur caractère légendaire. D'ailleurs, un dicton des Corons ne dit-il pas : " Je préfère le vin d'ici à l'eau de là "... Autant vous dire qu'à Wambrechies, on ne bouffe pas que du Waterzooïe mais aussi du curé et du patron ! Il n'en fallait pas plus pour que le pays des Gueules Noires ne produise lui-même son assommoir : citons la Chuche Mourette (mélange d'alcool de genièvre et de crème de fruit dont les amoureux sont , dit-on à l'ombre des terrils, friands) le Genièvre (distillat de céréale aromatisé au genièvre selon un procédé similaire au Gin) et finalement LE MALT, distillat de céréales fait à l'instar du whisky. D'où son droit d'entrée sur notre site et dans cette rubrique consacrée à des whiskies insolites issues des extractions travailleuses, accouchés dans la sueur et les larmes de ces générations de mains calleuses, de faces charbonnées et de cœurs en or. La distillerie a pourtant servi la cause du sang bleu et des classes " possédantes " pendant des siècles. Bâtie sur un ancien moulin ayant servi, depuis le XIIIème siècle, d'écluse, de scierie et de lainerie, elle finit même en 1789 par devenir une huilerie sous la direction de Guillaume Clayessens, négociant belge qui lègue son nom à la fabrique. C'est en 1817 que la raison frappe enfin à la porte du moulin : il servira de distillerie de genièvre et sa production sera diffusée de part et d'autre de la frontière avec un succès non démenti jusqu'à aujourd'hui. Il ne vous aura point échappé qu'Emile ZOLA (frère de Gorgon...) n'était pas un auteur de science-fiction et comme toute histoire d'industrie, elle va de pair avec l'art du lance-pierre dans lequel les Claeyssens excellait au moment de la paye de son personnel et la précision asmodéenne des coups de pieds aux fesses des ouvriers en guise d'étrennes. Les choses n'ont changé qu'au prix de dures luttes (les amateurs de bonnes choses noteront à quel point la vie est une dure lutte...) Tout transpire donc dans ce malt la solidarité ouvrière, les classes laborieuses pour qui sans alcool la fête est plus molle, le bleu des yeux des gens du Nord et la gentillesse des taulières d'estaminets, de Dunkerque à Valenciennes. Quand on pense que des générations de mineurs se sont anesthésiés les entrailles à coup de ces maudits gorgeons de Genièvre, on comprend qu'il était temps de donner des lettres de noblesse à une boisson ayant terrassé les polonais les plus aguerris : Le VIEUX MALT ressemble à un whisky, il a mis son habit du dimanche, il fait flamboyer son ambre quasiment rose (un Flamant rose, de quoi tenir compagnie aux nombreux éléphants de la même couleur que l'on voit un peu partout dans les corons les soirs de paye...). Le nez évoque le fruit, voire le schnapps mais avec une rondeur et une suavité que l'on ne retrouve que dans les baisers de Frieda la Blonde quand elle devient Margot... La première bouchée demeure accueillante et conviviale mais ne résiste pas longtemps au coup de grisou qui s'en suit des parfums très lourds et alcooleux, trahissant une extraction laborieuse n'ayant rien de commun avec l'aristocratie à la peau diaphane et délicate de ses cousins écossais. Si l'étreinte est forte pour le palais, elle n'en demeure pas moins chaleureuse et empreinte de fragrances riches, puissantes et complexes invitant à une embrassade prolongée et plus si affinités. En résumé, le malt de Wambrechies a mis en bouteille les acquis de plusieurs générations de lutte contre les éléments. Cependant, le succès de ses petits frères de Genièvres blancs s'étend contre toute attente jusqu'à occulter notre sujet d'étude de ce soir et il faudra que les Claeyssens aillent au charbon pour pousser plus avant le wagonnet de la réussite du Vieux Malt... il en coulera de l'eau dans la Moselle avant que l'honnête travailleur délaisse son addiction pour la Chuche Mourette au profit du Malt... ou peut-être une Révolution... " Du passé, faisons table rase ! ! ! " D'accord, mais laissez-y quand même deux verres, que l'on finisse la bouteille... Arnaud |
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