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AnkaraRassurez-vous, aucun de nous n'a moisi dans quelque geôle turque insalubre pour vous rapporter ce "Viski" dit de "Malt", fabriqué en Turquie. Et pourtant, il a fallu des efforts, comme quoi, on bosse fort, par Ste Sophie !! La distillerie Tekel propose depuis 1963 un "malt" Ankara en Carafe et n'en déplaise à Soliman le Magnifique, il titre à 43 % d'alcool. La bouteille est peu engageante mais il fallait déguster ce sombre whisky, goûter cet austère décantoir, boire l'amer Noir sans papille frémir. Malgré son nom, la bouteille du Tekel n'est pas courte sur patte mais massive et garde cette mine aussi peu engageante qu'un Pacha sauvage... On s'est lancés : Chiche ! qu'est Bab ou pas... et sans Kief, les saveurs nous arrivent en Blue Rondo, à la turque : fortes comme là-bas, diiiis !!! Saveurs de bois, relents très bourboneux, charpenté en bouche, notes très caramel, à la limite du loukoum... en somme, le malt est loin des Dardannelles et quand on pense aux efforts fournis pour le ramener en France, quand on pense que Laurent et moi ne voulions même pas l'ouvrir, quand on pense que je commence à saturer de mauvais whiskies et quand on pense qu'il y a Mustapha Kemal... Les yeux fermés et le cimeterre sur la nuque, j'aurais juré par la barbe du prophète qu'il s'agissait d'un bourbon, ce que dément l'appellation "Malt Viski" sur l'étiquette évoquant plus le piège à touriste bavarois à Izmir que la vraie trouvaille dans les arcanes du Souk d'Antalya. Laurent et moi, devant ce déroutant Ankara, l'Istanbul à zéro, nous demeurons perplexes quant à l'aptitude de ce beau pays à vouloir imiter les richesses de l'Ecosse. Toutefois, son inoffensive légèreté devrait pouvoir fournir bien des dockers chypriotes en compagnons de pokers mais gare aux abus et à la main trop lourde sur le verre de l'impénitent suceur de glaçon : L'Ankara, sec comme un coup de trique et raide comme la Charria, ne sera pas le dernier des tords-boyaux à vous faire faire la danse du ventre et à vous donner l'envie de visiter les toilettes de même fabrication que ce "malt" propre à gâter l'estomac du plus Grand Vizir. Pour égayer les douces nuitées de la Porte de L'Orient, imaginons donc cela au bar Chez Rasade, aux Mille et une nuits ou au Midnight Express, mais, plutôt sans L'Ankara, pour qui la volupté des charmes de Byzance aura besoin de langueurs plus érOttomanes... Arnaud |
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