Nous apprenons tous lors de notre formation de plongeur les règles d'évolution qui
nous mettent à l'abri de l'accident de décompression. Parmi celles-ci, deux sont
essentielles : respecter la durée des paliers et respecter la vitesse de remontée.
Cette page se propose d'en "remettre une couche" car j'ai souvent observé des négligences
qui peuvent avoir des conséquences catastrophiques. Vous trouverez
ici des arguments supplémentaires pour appuyer ces règles et inciter
chacun à observer Le bon profil.
Le respect de la durée des paliers
Plusieurs causes peuvent pousser à écourter une décompression : l'impatience
(accompagnée d'un excès de confiance en soi), un bloc vide (on n'est pas remonté dès
le premier passage sur réserve)...
Une fois remonté, on n'est pas parfaitement tranquile. On guette les chatouilles,
les petites douleurs, on boit plus d'eau que d'habitude, on se dit que les
tables ou les ordinateurs
ont de la marge... Puis, les heures passant, l'inquiétude disparaît pour laisser
place à un moral d'acier, prêt à repartir pour de nouvelles aventures. On s'aperçoit
bientôt que tout va bien et on peut s'habituer à abréger la décompression.
Que se passe-t-il dans notre corps après une décompression normale ?
Notre organisme est en sursaturation d'azote après la remontée. Nous n'atteindrons
la saturation que dans de nombreuses heures. Notre sang est plein de
microbulles d'azote (et de
gaz carbonique) qui se résorbent progressivement dans les poumons.
Si la décompression a été incomplète, ces microbulles, plus nombreuses, ont tendance à
former des macrobulles (plus grosses) qui risquent d'aller se coincer quelque part avec
toutes les conséquences que l'on connait. Vous ne les connaissez pas ?
continuez quand même la lecture de cette page car dans un premier temps, il est plus
important d'apprendre la prévention.
Beaucoup de microbulles vont aussi prendre l'habitude de se concentrer toujours aux
mêmes endroits sans que vous vous en rendiez compte. Elles vont provoquer de mini accidents
de décompression imperceptibles ou à la limite de la perception. Certains tissus vont
finir par recevoir régulièrement la visite de ces bulles et vont commencer à se nécroser.
L'accident de décompression surviendra d'autant plus rapidement que le tissu est préparé,
même si la plongée était "normale".
L'accident peut être progressif, comme dans le cas des articulations des plongeurs professionnels
victimes d'ostéonécrose dysbarique : Les cartilages atteints rendent l'articulation
douloureuse et peuvent même générer une infirmité.
Même s'il est vrai que les tables ont une certaine marge de sécurité, il faut savoir
qu'elle est bien mince. De plus, les tables de la Marine Nationale ont été calculées pour
des personnes
jeunes, entraînées et en pleine forme physique. Et les ordinateurs alors ? Ils réagissent
en fonction d'algorythmes similaires à ceux qui permettent de calculer les tables.
| Période | Organes concernés |
Compartiment 1 | 5 min | reins |
Compartiment 2 | 10 min | estomac, viscères, foie, système nerveux central |
Compartiment 3 | 20 min | viscères, foie, système nerveux central |
Compartiment 4 | 40 min | peau |
Compartiment 5 | 80 min | peau, muscles, coeur |
Compartiment 6 | 160 min | muscles |
Compartiment 7 | 320 min | muscles, articulations, os, graisse |
Compartiment 8 | 640 min | gras, articulations, os, reste du corps |
Une remontée rapide génère très rapidement des bulles dans les tissus,
qu'ils soient rapides ou non. Pendant une plongée, il peut arriver d'avoir
à contourner un obstacle par le dessus : coque d'épave, petit sec,
haut d'un tombant... Si ce déplacement vers le haut est fait sans respecter
la vitesse de remontée normale, il doit être assimilé à une remontée partielle
rapide.
La vitesse de remontée préconisée dans les des tables MN 90
est de 15 m/min. C'est bien supérieur à celle recommandée par la
plupart des ordinateurs, souvent de l'ordre de 10 m/min.
L'accumulation de "petites" remontées rapides lors d'une plongée
donne un "profil en yo-yo" et génère beaucoup de petites bulles. Le
risque est maximum lors des plongées techniques ou d'examens, lorsqu'on pratique
les exercices de remontée d'assistance ou de sauvetage.
Pauvres moniteurs !
Le profil en yo-yo peut provoquer des catastrophes. Les bulles libérées
dans le sang lors de la remontée s'accumulent dans les capillaires des poumons.
Le fait de redescendre va augmenter la pression absolue, réduire le volume de
ces bulles au point de les laisser passer dans le circuit artériel vers le
coeur qui va les propulser dans l'aorte. C'est là que se trouvent les entrées
des carotides, les artères qui irriguent le cerveau...
Le bon profil de plongée
On ne correspond peut-être pas au physique du jeune militaire sportif,
on est peut-être aussi "un peu enveloppé", on fume, on a fait
quelques efforts pendant la plongée (c'est pratiquement toujours le cas dans
pas mal de région et quand on est débutant). On a ici un certain nombre de
raisons pour ne jamais abréger les paliers. Ajouter une ou deux minutes
au dernier palier (à -3 m) est une saine précaution. Si tout ceci
ne vous concerne pas, c'est peut-être vrai pour un autre membre de la
palanquée.
Le profil de plongée idéal est le suivant : Atteindre la profondeur
prévue maximale dès le début de la plongée, puis faire la balade en remontant
tranquilement. Tous les sites ne le permettent pas.
Lors de la remontée, en l'absence d'autres repères, il ne faut jamais
dépasser une bulle visible. La respiration pendant toute la remontée (ceci
comprend les paliers) doit être profonde et sans retenue. Enfin, le retour
à la surface doit être très lent.
Une fois en surface, gonfler la stab et palmer le moins possible.