L'essoufflement en plongée est à prendre très au sérieux à cause de ses conséquences dramatiques s'il n'est pas traité à temps. Un plongeur essoufflé ne vide plus ses poumons (voir s'il est besoin la page sur le soufflet pulmonaire), s'il fait une remontée panique, il risque une surpression pulmonaire accompagnée d'un accident de décompression. D'autre part, un plongeur essoufflé, dans un dernier réflexe de survie, peut se noyer après avoir arraché son embout qui le "gênait" pour respirer ! Là encore, une bonne compréhension du mécanisme permettra une bonne prévention.
Mécanisme de l'essoufflement
Les poumons servent à la fois de pompe à air et de zone
d'échanges gazeux. La pompe à air fonctionne en deux temps :
inspiration et expiration. L'inspiration est un phénomène
actif : contraction du diaphragme qui descend, contraction possible
des muscles intercostaux. L'expiration naturelle est passive, c'est
un relâchement musculaire : aucune force ne s'oppose plus à l'élasticité
des poumons, qui se contractent alors en chassant l'air qu'ils contiennent.
Les échanges gazeux ont lieu au niveau des alvéoles :
l'oxygène de l'air pénètre dans le sang, alors que
celui-ci déverse du gaz carbonique (CO2) dans les alvéoles.
L'expiration chasse un air chargé en CO2 alors que l'inspiration
apporte aux alvéoles un air riche en oxygène (O2).
Si la consommation d'O2 augmente, la production de CO2
augmentera aussi car le CO2 est le résidu de combustion
de l'O2. "L'hypercapnie" est le terme qui décrit
une augmentation du taux de CO2 dans le sang. En cas d'hypercapnie,
le centre de commande de la respiration (bulbe rachidien) va augmenter
la fréquence ventilatoire dans le but de purger le CO2
efficacement.
Jusque là tout semble aller bien... On se rappelle que l'expiration
est un phénomène passif qui, sans intervention volontaire,
utilise uniquement l'élasticité du thorax pour
chasser l'air des poumons. Le risque est le suivant : Lors d'un effort,
on laisse rentrer
beaucoup d'air dans les poumons car la fréquence ventilatoire est
importante, on expire mal car l'expiration naturelle a un débit
faible, les poumons se gonflent, se remplissent de CO2 en
provenance du sang (hypercapnie), le bulbe rachidien commande une augmentation
de la fréquence ventilatoire. C'est le cercle vicieux de l'essoufflement !
On est victime d'une respiration superficielle qui va entraîner une
hypoxie (manque d'oxygène).
Avant d'aller plus loin dans ce développement, on a reconnu le
point faible du système : l'expiration. En plongée, l'expiration
doit être active et poussée un peu plus loin qu'une expiration
naturelle à l'air libre, pour bien évacuer le CO2
(qui favorise aussi la narcose et l'accident de décompression).